Chaintré plonge ses racines dans la nuit des temps. Le village porte la marque des parcours de chasse au paléolithique puis l’occupation d’un territoire bien exposé et bien situé au néolithique.
La colline de Chaintré était alors recouverte de roches usées, parsemées de buis. À ses pieds, au levant, la Saône s’étalait nonchalamment dans la plaine.
Le plus ancien outil découvert en 1940 sur la pente ouest de la colline, atteste de la présence des hommes préhistoriques il y a quelques 120 000 ans sur le territoire du futur Cantriacum.
Ce silex est taillé sur les deux faces, de forme ovale, lancéolé, avec un tranchant sur presque tout le pourtour. Cet outil a-t-il été perdu par un chasseur de Chaintré ?
En 120 000 avant notre ère nous sommes dans une période interglaciaire, avec un climat assez semblable à celui d’aujourd’hui. Au niveau de la végétation, les côteaux étaient boisés de chênes sur lesquels grimpaient parfois de la vigne sauvage. Le sommet de la colline était aride, seuls quelques houx et buis rompaient la monotonie.
La faune est forestière en ce temps-là : sangliers, chevreuils, cerfs, aurochs, et peut-être même des ours sur les pentes de la colline de Chaintré, alors que dans la Saône foisonnent des loutres et des castors.
Notre « homme de Chaintré » vivait de chasse et de cueillette, le silex était un outil indispensable à la survie du groupe.
Depuis l’époque où ce biface a été perdu, le paysage s’est sensiblement modifié se prêtant particulièrement à la chasse au gros gibier. Le Gointrond au lit plus large serpentait entre les vernes (aulnes), s’appuyant côté rive droite sur un talus à la pente marquée et s’étalant rive gauche dans une vallée jusqu’à un contrefort rocheux surmonté d’une terrasse assez large, dont les éboulis accumulés pendant des millénaires formeront le riche sol à vigne des Chevrières.
D’autres silex ont été retrouvés sur le versant des Plessys, bien exposé à l’est avec un sol profond et riche sur lequel se récoltent les fruits et les plantes comestibles.
Jules César à Chaintré : Nous sommes en 58 avant J.-C. dans le pays des Eduens, un des peuples les plus puissants de la Gaule « chevelue », amis des Romains et dont le chef Divitiac fit appel à Jules César pour faire face aux Helvètes émigrants.
Les Helvètes voulaient s’établir à l’Ouest dans les plaines jusqu’à l’océan, dont le climat était plus doux et vivifiant. Ils bénéficiaient de la bienveillance des Séquanes (les Bressans), qui déjà n’avaient guère de sympathie pour leurs voisins de la rive droite de la Saône.
Jules César accourut de Lyon, avec trois légions, pour prêter main forte aux Eduens et contraindre les Helvètes de regagner leur pays. C’est au niveau de l’île Damprunt (Varennes), pour traverser la Saône (Arar) que les envahisseurs arrivèrent sur des radeaux et des barques. Seuls les Boïens furent épargnés à la demande des Eduens en raison de leur courage.
En ce temps, le territoire Chaintréen allait jusqu’à la Saône, voie de navigation de première importance pour le trafic commercial, plus particulièrement le vin dont les Romains étaient d’avides consommateurs.
Jules César fit installer des greniers à blé fortifiés à Matisco (Mâcon) pour assurer la subsistance de l’armée, et qu’il approvisionnait par bateaux. C’est ainsi que quatre stations (ports) étaient utilisées entre l’île Damprunt et Basinesco (Port d’Arciat). Près du port d’Arbigny, au nord du Port d’Arciat, se trouvait le port de de pierres, parce que c’est là qu’embarquaient les pierres de la colline de Chaintré, amenées à grand renfort d’attelage de bœufs.
Parallèlement, longeant la Saône, à l’intérieur des terres, la grande route de la Manche assurait un important trafic d’import-export : ambre de la Baltique, étain d’Angleterre, mais aussi le sel du Jura. C’est par ce chemin que Jules César arriva pour combattre les Helvètes. C’est vraisemblablement cette voie antique qui créa Arbigny qui fut d’abord un relais romain (vicus routier), puis propriété franque et ensuite monastère. Arbigny resta sur le territoire de Chaintré jusqu’à la Révolution.
Quelques années plus tard, Agrippa améliora la chaussée gauloise (dénommée voie Agrippa), pour devenir une artère principale de circulation depuis Rome jusqu’à Boulogne, et doublée par une Rocade (reliant Belleville à Mâcon) qui passait par Savy et le Moulin à l’Aure.
De l’époque gallo-romaine … : De très importantes découvertes gallo-romaines ont été mises à jour lors des travaux de fondation de la cave coopérative en hiver 1927 qui confirment celles faites en 1924 au cours de plantations de vignes. Il s’agit d’une faible partie d’un ensemble de bâtiments, comprenant une maison de maître avec péristyle encadrant une cour-jardin, un bassin de 50 m2 et dont la partie agricole encadrent une vaste cour fermée (sur le Moulin à l’Aure). Cette imposante bâtisse est construite en bordure de la Rocade sur plus de 3 hectares.
Parmi les objets découverts, on trouve des chapiteaux corinthiens et toscans, des colonnes et pierres moulurées, des corniches en marbre blanc, un œuf votif, des pièces de monnaie entre autres et surtout un très grand nombre de céramiques, dont certaines sont signées. La particularité la plus intéressante de de cette villae est la présence dans le bâtiment noble d’une canalisation souterraine en tuyau de poterie (plancher chauffant par circulation d’air).
Cette maison fut sans doute détruite par les Huns, ainsi que la villa des Baux. Seul le petit établissement du Villard situé derrière la colline, à l’écart de la rocade, fut épargné.
À l’époque mérovingienne … : Jusqu’à l’arrivée de Burgondes, peuple du Nord poussé par les Huns, le peuple Gallo-Romain vivait dans une insécurité physique et matérielle dans les collines. Autour de 440-460, les habitants se retirent des grandes voies (Agrippa et Rocade), trop souvent fréquentées par des bandes de brigands. C’est ainsi, pour assurer leur protection que la féodalité se mit en place.
Les Burgondes s’installent à mi-coteau, dans une exposition bien ensoleillée, près des sources : au Villard, aux Verchères de Savy, aux Fourneaux, pour surveiller la Rocade qui passait par le bas de Savy et au Moulin à l’Aure.
Comme les premiers habitants de Chaintré à l’époque néolithique, ils s’installèrent aussi sur le bas plateau de la Barge et aux Granges en raison de points d’eau permanents. Ce plateau était abrité par de larges rideaux d’arbres, à l’Ouest par le bois de Chaintré, et à l’Est par la forêt de la prairie.
L’habitation est rudimentaire – finie l’époque des vastes villae. Le sol est en pavage de pierres recouvertes de briques, souvent récupérées dans les bâtisses détruites, les cabanes sont recouvertes de planches, de paille et de branchages. On se sert de poteries grise ou noire, et d’objets en céramique grossière, très souvent décorée.
A l’intérieur des habitations, il y a un foyer de petites dimensions. Quelques fragments de briques en sont les seuls vestiges. Proche des constructions, des déchets constitués d’ossements nous renseignent sur l’alimentation et l’élevage (âne-porc-bœuf).
Les Burgondes exploitent une partie des terres du domaine gallo-romain, terres à céréales, quelques vignes, quelques enclos pour le bétail.
Les recherches menées jusqu’à présent montrent que les nécropoles, ou cimetières barbares, représentent un ensemble important et marquant à cette époque. À Chaintré, il y en avait cinq. Le plus important était celui de de la Pie des Morts à Savy-le-Haut, avec une centaine de tombes proches des habitations. Les autres se situaient à la Barge, aux Chevrières, en Baux et au Clos Reyssier.
Les Seigneurs de Chaintré : difficile de donner l’époque précise à laquelle la famille de Chaintré se fixe sur le village. Vers la fin du Xe siècle, comtes (de Mâcon) et seigneurs bâtissent des maisons fortes pour garantir leurs possessions. Les droits sont inhérents à la terre et à l’usage. Les propriétaires commencent à prendre le nom des terres sur lesquelles ils vivent.
Le territoire Chaintré-Varennes s’étend alors de la Saône à l’est à la forêt de Leynes à l’ouest, de l’Arlois au sud aux portes de Mâcon St-Clément et Loché au nord.
La famille de Chaintré remonte au premier régime féodal, sans doute lié d’amitié et d’estime avec le comte de Mâcon. Vraisemblablement le premier notable, souche de la famille était-il châtelain, donc chef de guerre et de police, et chargé d’exécuter les sentences du comte de Mâcon. Les forteresses de Varennes et de Chaintré étaient les derniers remparts de défense au sud de Mâcon.
Avec l’affaiblissement de la royauté, le comte perd de son autorité. Alors les habitants du village désignent comme chef ce premier chevalier qui prend le surnom de Chaintré. Il est aussi sieur de Varennes. Vers 1075, le titre nobiliaire se transmet de père en fils.
Garin de Chaintré est le premier seigneur connu. Puis viennent Blandin et Robert : tous trois représentent la chevalerie mâconnaise aux croisades avec les Berzé, les Lugny, les Chevriers et les d’Amanzé.
Le château de Chaintré : au Moyen-Âge, le château de Chaintré est une vieille seigneurie qui fait partie de la défense sud de Mâcon avec Crèches, Vinzelles et Banant. Les sieurs de Chaintré, seigneurs de Varennes et prévôts de St Romain-des-Iles pour le compte de l’abbé de Tournus, vont diriger et administrer le village jusqu’en 1516.
Ce vieux manoir dont la construction remonte à l’an mil, fût marqué par les guerres entre les Armagnacs et les Bourguignons.
François Bernard, sieur de Chaintré, calviniste, se fait piller lors de guerres de religion. Sa petite-fille, Anne de Beauvoir, épouse un chevalier de l’Ordre du Roy, Jean de Nanton qui fut emprisonné pour dettes. En 1661, des financiers rachètent le château. Pierre Particelli, trésorier et banquier entreprend de grands travaux : tracé de jardin, cour encadrée de bâtiments flanqués de tours.
Puis se succèdent les familles Bernard et Joly. En 1749, Vincent Palerne rachète le château de Chaintré et entreprend des transformations : écuries et bâtiments en mauvais état sont démolis et remplacés par la chapelle actuelle. À l’est, on construit la tour carrée, et de grandes fenêtres remplacent les petites ouvertures antérieures.
En 1845, le château passe aux Frères Maristes puis il est vendu au comte de Beaussier qui fait planter l’allée de platanes de l’avant-cour. Il fait aussi ériger les statues des quatre saisons de la cour intérieure, celles de la terrasse et des allées du parterre à la française.
Le château sera cédé à J.-L. Chomer puis le comte de Jesse le rachète en 1904. C’est la famille Sonnery qui le vendra à la ville de Mâcon en 1966, qui en sera propriétaire jusqu’en 1981. Actuellement le château et les communs constituent une copropriété où résident plusieurs familles.
Articles rédigés à partir de l’ouvrage « Chaintré » imprimé par les éditions Maury en septembre 1999 et dont on peut citer parmi les auteurs : Roger Duboeuf et Camille Biot, entre autres
XVIIIe siècle
C’est une construction du XVIIIe siècle dans un parc arboré de chênes séculaires, parsemé de bosquets. L’ancien château de la Barge – autrefois château des Granges, possède une toiture d’époque Louis XIII. La porte d’entrée cintrée, côté nord, de grande dimension avec une voûte plein cintre (aujourd’hui disparue) portait un blason mutilé, probablement celui des Brosse (premiers possesseurs connus), et la date de 1623. Le château de la Barge fût transformé en hostellerie début du XXe siècle.
XIVe- XVe siècles
Il semble que le premier propriétaire connu du château des Quarts, ancienne maison forte des XIVe- XVe siècles (appelée encore au siècle dernier, château de Chaintré, ait été Philibert Barjot en 1575. Par vente judiciaire les héritiers de la famille Barjot le cèdent à la famille Bonnet qui le revend en 1843 à la famille Tondut. Il fût ensuite cédé à J-Cl. Pitrat dont la veuve fit exécuter des travaux - fin XIXe siècle, qui lui ont donné son aspect actuel. Aujourd’hui le château est toujours propriété des descendants Pitrat. Une très belle grille de fer forgé datant du début du XVIIIe siècle donne accès à l’entrée principale du château des Quarts.
1840
Edifiée en 1840, cette construction remplace et complète une plus ancienne demeure dont on remarque le vaste cuvage sur une belle cave voûtée portant à son fronton la date de 1724. Le dernier héritier, en 1856, est Léonard Flavien Reyssier, qui le revend au général Nicolas Constant Sonnet et dont la veuve le cède par testament en 1879 au vicomte Philippe Edmond le Forestier. Le fils le Forestier le revend en 1885 à Edmond Nicolas Louis Marie Dupuis, dont les descendants – la famille Brintet, en demeurent propriétaires jusqu’au décès, en 1998, du colonel Brintet, personnalité chaintréenne attachante et aquarelliste de talent. Le château est devenu depuis la propriété de M. Guilhem de Löye.
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